Pour remonter aux origines du cachemire, il est nécessaire d’entreprendre un très long voyage jusqu’en Asie et plus précisément au nord du sous-continent Indien. C’est donc à l’autre bout du monde, dans une région montagneuse que sont élevées les chèvres dont la laine est utilisée pour la fabrication de vêtements en cachemire. Très résistantes, ces petites chèvres vivent dans des zones difficiles d’accès à une altitude d’environ 4 000 mètres. A l’origine, elles se trouvaient dans la province du Cachemire, une zone frontalière entre l’Inde, le Pakistan, la Chine et l’Afghanistan. C’est dans cette région au climat très rude que les chèvres cachemire étaient élevées. Petites et fragiles en apparaissance, ces animaux supportent parfaitement bien les hivers rigoureux de la région du Cachemire.

Un pelage d'hiver qui vaut de l'or

Enclavée entre plusieurs pays, la province du Cachemire est une région inhospitalière dont le relief est constitué de très hauts plateaux et de chaînes de montagnes. En hivers, les températures peuvent descendre jusqu’à -40°. Des conditions difficiles pour les hommes mais aussi pour les animaux. Pour survivre dans ces conditions extrêmes, les chèvres cachemire s’enveloppent d’une toison dense et très douce qui les protège du froid. C’est précisément ce pelage hivernal qui vaut de l’or pour les fabricants de tissu en cachemire. Ce surplus de poils pousse au moment où les températures commencent à décliner. Une fois l’hiver terminé, cette laine est utilisée pour la fabrication de pulls et autres vêtements en cachemire.

Initialement, ces chèvres au pelage unique ne se trouvaient que dans une zone géographique bien précise. Cette région s’étendait depuis la zone nord du Cachemire qui appartient aujourd’hui à l’Inde jusqu’à l’Est du Tibet sous domination chinoise. Bien qu’à l’origine la laine de cachemire provienne de la région dont elle s’est appropriée le nom, aujourd’hui cette province du sous-continent asiatique ne produit quasiment plus de laine de cachemire. Dorénavant, la fabrication du tissu de même que l’élevage de ces chèvres cachemire se sont marginalisés. Cette partie du monde étant coupé des réseaux de circulation et de communication, la province du Cachemire n’a pas les infrastructures nécessaires pour pouvoir produire de la laine en quantité suffisante. De plus, le procédé de fabrication a beaucoup évolué pour faire face à la demande. Or, la province du Cachemire est une région pauvre qui continue donc de produire du cachemire de manière artisanale et en petite quantité. En plus des difficultés liées à la géographie et au manque d’infrastructures modernes, la province du Cachemire est une zone instable qui est très souvent le théâtre d’affrontements entre l’Inde et le Pakistan. Tous ces éléments sont autant de raisons qui explique pourquoi la fabrication de tissu en cachemire s’est délocalisée.

D'où provient le cachemire aujourd'hui?

Alors où faut-il chercher l’origine du cachemire qui est utilisé pour la confection de vêtements aujourd’hui ? Pour le savoir, il ne faut pas aller bien loin puisque c’est la Chine qui possède également une partie de la province du Cachemire qui est actuellement le premier producteur mondial. Chaque année la Chine produit quelques 10 000 tonnes de laine de cachemire. L’Empire du Milieu règne donc en maître sur ce marché. La Chine produit entre 75% et 80% de la production mondiale.

La Mongolie est aussi un acteur important sur le marché du cachemire. Ce pays situé entre la Russie et la Chine connaît des conditions climatiques extrêmes et son relief est composé de hautes chaînes de montagnes. La Mongolie est donc un terrain propice pour l’élevage de chèvres cachemire. Le pays produit chaque année 2 700 tonnes de laine.

Les autres pays producteurs de cachemire

Alors que la Chine et la Mongolie se sont très largement imposées sur le marché du cachemire, ils ne sont pas les seuls à produire cette laine si recherchée. L’Inde, l’Afghanistan, l’Iran ou encore la Turquie sont aussi des producteurs de cachemire. Toutefois, leurs productions est loin de pouvoir rivaliser avec la force de frappe de la Chine ou de la Mongolie. Le succès du cachemire et l’accroissement de la demande a entraîné une hausse de la production. Les experts estiment que chaque année 13 000 et 18 000 tonnes de cachemire seraient produites dans le monde. Un chiffre qui devrait continuer à augmenter à l’avenir car le cachemire est l’objet de toutes les convoitises. Pendant longtemps, l’Occident était le principal acheteur mais aujourd’hui les pays et émergents et notamment la Chine ont succombé à la fièvre du cachemire.

Si la Chine et la Mongolie sont des producteurs incontournables, le grand perdant reste le Pakistan. Les élevages de chèvres et la production de cachemire sont devenus des activités marginales et le Pakistan a perdu sa place sur ce marché. Pourtant, c’est bien dans la région du Cachemire qui se trouve actuellement sous contrôle Pakistanais que la chèvre cachemire a été découverte. C’est également dans cette partie du monde que les techniques de production ont été élaborées. Depuis le nettoyage des fibres en passant par le filage ou encore le cadrage, tous le savoir-faire autour du cachemire provient de cette région.

La Mongolie à l'heure du cachemire

Deuxième producteur mondial de cachemire, la Mongolie est devenue un acteur incontournable. De par son relief et ses conditions climatiques, la Mongolie est un environnement idéal pour l’élevage de chèvres cachemire. En effet, le pays est entouré par des chaînes de montagnes. Au sud se trouve le plateau tibétain, à l’ouest la chaîne de montagnes Altaï et à l’est les monts Khingan. Les conditions climatiques sont particulièrement rudes. En hiver certaines régions enregistrent des températures allant jusqu’à -40°. La géographie et le climat sont donc des éléments très favorables à l’élevage des chèvres cachemire. Avec un tiers de la population nomade qui vit de l’élevage, ces petites chèvres n’ont pas eu de grandes difficultés à se faire une place dans le paysage mongole. Face à la demande en constante augmentation la Mongolie a fait de la production du cachemire un de ses axes de développement. Baptisé « or des steppes », le cachemire est devenu la deuxième manne financière du pays.

Preuve de l’importance du cachemire dans ce pays coincé entre les deux géants que sont la Chine et la Russie, la Mongolie a vu le nombre de chèvres de cachemire augmenté de 300% entre 1990 et 2009. Une augmentation des cheptels qui allaient de pair avec l’explosion du prix du cachemire. Le cachemire de Mongolie est très apprécié car, les chèvres évoluent dans des conditions idéales pour produire de la laine de haute qualité. Contrairement à d’autres pays producteurs qui ne jouissent pas des mêmes conditions climatiques, la Mongolie produit un cachemire de qualité car les chèvres se trouvent confrontées à un climat très rugueux et sont élevées à une bonne altitude.

Les éleveurs de chèvres cachemire mongoles récoltent la laine une à deux fois par an selon une méthode traditionnelle. Toutefois, pour obtenir un cachemire d’une qualité supérieur il faut que la laine ne soit récoltée qu’une seule fois par an. Ainsi, les fibres récupérées sont suffisamment longues. Il s’agit d’un travail de longue haleine et la quantité de laine récupérée reste minime puisqu’une chèvre produit environ 150 grammes de fibres par an.